Le Mont Mouchet
Haut lieu de la résistance
A la croisée de trois départements, la Haute-Loire, la Lozère et le Cantal, le Mont-Mouchet se dresse comme un géant tranquille au cœur des forêts profondes du Haut-Allier. Culminant à 1497 mètres d'altitude, ce sommet offre bien plus qu'un simple panorama. Discret, il est devenu en 1944 l'un des symboles les plus forts de la Résistance Française.
Dans le silence des bois, dans la lumière des clairières, le souvenir des maquisards est toujours présent. Il nous parle de courage, d'humanité et de l'importance de ne jamais oublier.
Venez découvrir cet endroit chargé d'émotion, de liberté et de grandeur.

Le Mont Mouchet, situé au cœur du massif de la Margeride, constitue sans doute l’un des sites les plus emblématiques de la Résistance française durant la Seconde Guerre mondiale. En 1944, des milliers de maquisards s'y rassemblent pour faire face à l'occupant nazi.
Avec le Vercors, il représente le rassemblement de résistants le plus important concentré en un seul point du territoire national. Ce lieu de combat, à 1 400 mètres d’altitude, a été le théâtre d’affrontements acharnés entre les forces françaises de la Résistance et l’armée allemande, illustrant la détermination, l'engagement et le courage des combattants de l'ombre face à l’occupant nazi.
Aujourd'hui, le musée de la Résistance, situé au pied du mont, retrace cette page héroïque de l'histoire. Scénographies, objets et témoignages permettent une immersion poignante et pédagogique dans le quotidien des maquisards. A quelques pas, le mémorial du Mont Mouchet, sobre mais fort de sens, rend hommage à ceux qui ont donné leur vie pour la liberté.
La genèse du maquis du Mont Mouchet
Après la défaite de juin 1940, la France entre dans une période sombre marquée par la collaboration, la répression et la déportation. Face à cette situation, certains Français refusent la capitulation et choisissent la clandestinité pour continuer la lutte. Le maquis du Mont Mouchet naît dans ce contexte, dans une région reculée difficile d’accès, propice à la clandestinité.
Sous l’autorité du Colonel Gaspard (Emile Coulandon), chef régional des Forces françaises de l’Intérieur (FFI) pour la zone R.6, le maquis devient un véritable bastion de la Résistance. En 1943, des résistants poursuivis par la Gestapo, des jeunes réfractaires au Service du Travail Obligatoire (S.T.O.), ainsi que des combattants issus de diverses régions de France et d’autres pays d’Europe, se regroupent dans cette zone stratégique. La formation de ce maquis s’organise selon une structure militaire, avec plusieurs compagnies réparties en bataillons, équipés d’armes légères, de bazookas, et disposant d’un parc automobile.
En 1944, le maquis du Mont Mouchet rassemble environ 2 700 hommes, issus principalement du Puy-de-Dôme, du Cantal, de la Haute-Loire, de l’Allier, ainsi que d’autres régions françaises et européennes. La résistance s’organise en compagnies numérotées, avec une forte implication des mouvements de résistance tels que les M.U.R. (Mouvements Unis de Résistance), les F.T.P. (Francs-Tireurs et Partisans) et l’O.R.A. (Organisation de Résistance de l’Armée).
Les résistants sont équipés de fusils, mitraillettes, grenades, bazookas, et reçoivent un entraînement pour mener des actions de sabotage, de guérilla et de harcèlement contre l’occupant. La région devient un véritable « réduit » où se concentrent des milliers de volontaires, prêts à affronter l’ennemi. La coordination avec Londres et les réseaux britanniques, notamment via le S.O.E. (Section des Opérations Spéciales), permet la planification de parachutages d’armes et de renforts.
La constitution et l’organisation du maquis
Les combats du Mont Mouchet, un bastion de liberté
Au printemps 1944, alors que l'Europe entière retient son souffle dans l'attente du débarquement, le Mont Mouchet devient le point de ralliement de milliers de maquisards venus de toute la région. Sous l'impulsion des mouvements de résistance locaux et avec le soutien des Alliés, un véritable maquis organisé se met en place pour participer activement à la Libération.
Les combats débutent en juin 1944, alors que les forces allemandes, renforcées par des troupes venues de toute l’Europe, tentent de déloger les résistants. Le 2 juin, un bataillon allemand tente de prendre la position, mais il est repoussé après plusieurs heures de combat par la 2e compagnie du Mont Mouchet, aidée par la 3e compagnie et le Corps-Franc des Truands.
Les 10 et 11 juin, la bataille s’intensifie avec l’arrivée de renforts allemands, notamment des troupes issues de Saint-Flour, Brioude, et du Puy, ainsi que des unités issues de l’URSS, comme les compagnies Tatars. Les combats sont acharnés : à Clavières, à Pinols, à Saugues, les maquisards résistent avec courage, détruisant véhicules et armements ennemis, tout en subissant de lourdes pertes.
Malgré leur bravoure, les forces françaises doivent se replier progressivement vers le « Réduit de La Truyère », où environ 4 000 résistants se regroupent. La bataille devient une véritable guerre d’usure, avec des combats de guérilla, des bombardements aériens et des destructions de villages par les Allemands, qui fusillent aussi des civils et commettent des exactions.
Les combats du Mont Mouchet, qui durent jusqu’à la mi-juin 1944, illustrent la détermination des résistants. Malgré leur infériorité numérique et matérielle, ils infligent des pertes importantes à l’ennemi, notamment en détruisant des véhicules blindés et en capturant du matériel. Le courage de ces maquisards, souvent peu armés face à des divisions allemandes, leur vaut une reconnaissance historique.
Le 20 juin 1944, après une semaine de combats acharnés, les forces allemandes, renforcées par des divisions de la Wehrmacht, parviennent à prendre le contrôle du site. Les résistants se replient dans la région environnante, laissant derrière eux un bilan lourd : environ 260 morts et 180 blessés. Les villages alentours sont incendiés, et de nombreux civils sont fusillés ou déportés.
La résistance héroïque et le sacrifice
La libération et l’héritage
Malgré la défaite, la résistance du Mont Mouchet a permis de bloquer deux divisions allemandes en pleine remontée vers le front de Normandie, retardant leur progression et contribuant indirectement à la libération de la France. Après la bataille, les maquisards se reconstituent dans les départements d’Auvergne, poursuivant la lutte jusqu’à la libération totale de la région.
Leur sacrifice est aujourd’hui commémoré par des monuments, des musées et des cérémonies, témoignant de l’esprit de résistance et de liberté qui a animé ces hommes. Le Mont Mouchet demeure un symbole fort de la lutte contre l’occupant nazi et de la détermination des Français à défendre leur liberté.
Aujourd'hui, le musée de la Résistance du Mont Mouchet rend hommage à cet épisode essentiel de l'histoire contemporaine. A travers une scénographie immersive, des témoignages poignants, des objets authentiques et des documents d'archives. Ils racontent la vie quotidienne dans le maquis, l'engagement des volontaires et le courage silencieux des habitants alentours.
A quelques pas, le mémorial, érigé en pleine nature, s'élève comme un cri de liberté et de mémoire. Chaque nom rappelle une partie de l'histoire de chacune des vies qui ont œuvré pour le liberté.
Une table d’orientation au sommet (1497 m) du Mont Mouchet offre un panorama grandiose à 360° jusqu'aux Monts du Velay, ainsi que sur la Chaîne des Puys et jusqu'au aux Cévennes.
Visiter le Mont Mouchet c'est un acte de mémoire en entrant en immersion dans ce que fut notre territoire il y a maintenant plus de 80 ans. C'est marcher dans les pas de ceux et celles qui ont refusé la fatalité. C'est transmettre aux jeunes générations l'histoire de notre territoire.